« Mais enfin quand tu cours, après
quoi cours-tu ? » : coureurs réguliers ou occasionnels, tout
comme moi ; vous vous êtes forcément posés cette fameuse question le temps
d’une séance de course à pied.
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Souvenez-vous de cette affiche ? |
Arrivée 1ère course : youpi ! |
Depuis mes 2 premières véritables
courses sur Lyon, l’unique et feue Course des Lyonnes (oct. 2009) puis la 1ère
édition de Courir pour elles (mai 2010), cela fait cinq années que je
m’interroge sur mes motivations... De 8 à presque 80 km, j’ai progressé
lentement mais sûrement. Aussi en participant au TGV, le Trail des Glaciers de
la Vanoise, je peux enfin donner des éléments de réponse. Certes, je cours pour le plaisir, pour avancer
dans la vie mais je cours avant tout pour valoriser la condition féminine dans
l’effort.
Or, les courses de trail forment
un moyen de donner sens à cet engagement.
C’est ce que je fis pendant mes 13h39 de course tout au long des 73 km
(3 800 m D+) effectués à travers les sauvages et magnifiques paysages du parc national de la
Vanoise. J’encourageais et félicitais chaque femme que je croisais avec un
« Allez, c’est bien ! Bravo, vive les femmes, on
représente !!!! ».
Le 06/07, suite à des risques
d’orage, le départ prévu à 5h fut avancé à 4h du matin. Sur-motivée et équipée
d’une frontale, l’ascension vers le col de la Vanoise fut d’autant plus
agréable qu’enthousiasmant avec le lever du jour. Placée dans le dernier lot de
coureurs (411 au départ), il n’empêche qu’il ne s’agissait pas de traîner car
la barrière horaire était fixée à 6h. Je l’ai passée 7 minutes avant sa
fermeture !
2 bricoles volées sur le 1er
ravitaillement et zou, direction le refuge de l’Arpont (km 21) ; sur cette
portion, j’ai retrouvé un coureur de la SaintéLyon et je me suis rapprochée
d’un grand coureur aux pas très prudents. Tout en courant/marchant, nous avons
papoté jusqu’au 2ème ravitaillement où je découvris avec émotion
l'extension spectaculaire de ce refuge. 10 minutes plus tard…, et nous
étions hors de la barrière horaire !
Poche à eau rechargée, j’avais
hâte de me diriger vers le refuge de Plan Sec qui marquait pour moi, la fin de
la période d’échauffement, lol ! C’est-à-dire après près 5h30 de
course !!! En pleine forme, sur la fin de cette portion, une large piste m’a
permis d’accélérer allègrement et de commencer à remonter dans le classement.
Arrivée au refuge au 36ème km, j’avais gagné 1 heure sur la barrière
horaire !
On nous avait prévenus que ce
refuge était considéré comme le « Restaurant 3 étoiles » de la course :
charcuteries, fromages, TUC à volonté... Je l’ai quitté les joues remplies tel
un hamster friand et boosté à fond car la véritable 1ère véritable
difficulté approchait ! Après avoir contourné le joli lac du Plan d’Amont,
il fallait passer péniblement le col du Barbier pour rejoindre l’avant-dernier
refuge, le refuge de l’Orgère.
Avec près de 3 000 m D+ dans
les pattes, peu de temps avant ce refuge situé au km 48, j’ai vécu un épisode
de grande solitude qui a bien duré près de 40 minutes… Toute seule dans les
bois, le profil de course descendant, j’avais l’impression qu’on m’avait
abandonnée et que j’allais arriver en plein cœur d’un village dans l’obligation
de tout arrêter. Les larmes commençaient à monter… jusqu’à ce qu’un
coureur me rejoigne à la sortie du bois. 2 paroles échangées et me revoilà
motivée et confiante pour attaquer le « défi » de la course : le
terrifiant col de Chavière, grrrr !
Enorme, difficile, pénible, rude
et ardu, le passage de ce col formait l’épreuve à franchir de ce TGV. Et cette
sempiternelle question… « Mais Laure, après quoi cours-tu ??? »
« Voyons, je cours vers l’abattoir ! ». Franchement, il faut
être vraiment mordue de montagne, de sensations fortes et d’efforts pour se
diriger la boule au ventre vers un tel obstacle : gravir près de
1 000 m de dénivelé après plus de 9 heures de course et finir sur un
immense névé de plus de 4 km sous un vent grandissant !!!!!
Après avoir repris des forces en
m’alimentant et en me protégeant du froid, le col de Chavière (2 796 m)
fut enfin gravi avec un cri de joie lancé du genre : « Yesssssaïiiiii! ».
C’est à niveau-là que j’ai fait la rencontre d’un « compagnon de
galère ». Après plusieurs parties de toboggan sur la neige, avec Bruno,
nous avons finalement atteint le dernier ravitaillement situé au refuge de
Péclet-Poset. Ensemble, nous nous sommes apportés du soutien sur les 15
derniers km. Avec le sourire et tout en papotant triathlon, nous nous sommes
rapprochés du centre de Pralognan. Nous avons même dépassé 2 participantes
accompagnées (la pression du Top 10 motivait). D’une foulée souple et enjouée,
nous avons finalement atteint l’arrivée !
Waouh, c’était super !!!!!
165 et 166ème sur 301, 9ème femme sur 25 - trois années
après avoir effectué en solo et en semi-autonomie un circuit randonnée sur 14
jours dans la Vanoise, boucler le Trail des Glaciers de la Vanoise dans son
format initial constituait l’un de mes rêves. Ma bonne connaissance du parcours, la
beauté de ce massif, la gentillesse des bénévoles, les heureuses rencontres et
les tendres soins de mon charmant "staff" ont rendu encore plus forte cette
fabuleuse aventure… 15 jours seulement après ma 1ère chute de vélo importante (abrasions bras droit complétés de 5 points de suture sur l'arcade droite), je n'aurai jamais espérer un tel exploit !!! Merci à tous pour vos encouragements et pour votre patiente
lecture !
La prochaine étape est de
dépasser les 80 km (la CCC me fait de l’œil, hé hé !), de porter les
couleurs d’une association et de courir encore plus au féminin ! Bah…
oui, glops, j’avais oublié de me mettre du vernis à ongle !!! ;)